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Privilégier une approche par la peur

ou par l'espoir

ou la naissance de Kawana

Ecrit par Emmanuelle Trouslard, le 20 mai 2018 

           Aujourd’hui nous sommes dans une situation de non-retour : l’état de la planète se détériore, la biodiversité décline, nous arrivons à épuisement de nos énergies non-renouvelables … Bref, nous sommes à un tournant mais que faut-il en faire ? Il est évident que bon nombre d’entre nous attendons une prise de conscience globale de la population pour que les choses bougent enfin. Mais comment la provoquer ? Devons-nous concentrer nos efforts sur des messages de peur et devenir des catastrophistes ?! Ou au contraire, est-il temps de promouvoir les solutions positives comme la consommation responsable ou encore l’économie circulaire au risque de passer pour de vrais bisounours ?

            La question est d’autant plus complexe que nous vivons selon les règles de la société de consommation qui nous apprend à vivre en fonction des lois du marché. Un bon citoyen doit donc toujours consommer plus pour faire partie intégrante d’une société régie par les lois de l’économie. Mais le paradoxe de cette histoire est qu’aujourd’hui, la majorité de la population a conscience de ce qui se trame sous nos pieds et de l’avenir de notre environnement. Combien de personnes sont au courant que la plupart de leurs vêtements contiennent du pétrole et que l’exploitation de cette ressource détruit la Terre ?! Enormément et pourtant tou.te.s continuent d’aller en acheter alors comment faire bouger les choses lorsque les gens ont conscience de ce qu’il.elle.s font mais que leurs habitudes n’évoluent pas ?! En tant que militant.e écologiste il y a de quoi devenir fou je vous assure. Mais si votre enfant fait une bêtise, la première chose que vous faites c’est bien de le gronder non ?!

           Alors, c’est bien cette méthode qu’on choisit la plupart des médias et scientifiques : faire naitre un sentiment de peur chez chacun.e des citoyen.nne de cette planète ! Et la démarche se défend puisque deux chercheuses de l’université de Taiwan ont publié une étude en 2016 dans le Journal of advertising research qui cherchait à évaluer les réactions de personnes soumises à deux types de messages. Le premier abordait le réchauffement climatique via la peur et l’autre via l’espoir. Elles ont ainsi démontré qu’un message de peur avait plus d’impact et impliquait un passage à l’action quasi systématique des patient.e.s. Ces résultats confortent une étude publiée par des chercheurs de l’université de Chicago en 2006 dont les résultats indiquaient que la peur et la culpabilité étaient les meilleurs leviers d’action de changement de comportement.

            Mais le gros problème de la peur est la paralysie qu’elle engendre, car bon nombre d’entre nous sommes tétanisés lors d’un sentiment de danger trop important. Et lorsqu’elle ne paralyse pas, la peur entraine une prise de conscience brève, une action toute aussi rapide et les gens repartent aussi sec à leur routine, pourquoi ? Car une fois leurs consciences rachetées, toutes ces personnes peuvent revenir à leurs anciennes habitudes sans aucun remords. Puisque la peur ne semble pas être la solution idéale, que penser de la motivation par l’espoir ?

                Il est clair qu’aujourd’hui les études scientifiques n’y sont pas favorables mais notre objectif est clair : créer une société d’entraide et de partage à la place de la société élitiste et compétitrice que nous connaissons. L’Homme est-il prêt aujourd’hui à remettre en question sa consommation ? J’aurai tendance à dire que oui car le propre de l’Homme est d’évoluer et sa force réside en son nombre et en son instinct de survie. Alors, comme le dit Albert Jacquard dans son livre De l’angoisse à l’espoir, leçons d’écologie humaine « c’est la capacité d’engagement de chacun qui servira à bâtir l’avenir, d’où l’espoir ». Lorsqu’une action est réalisée dans le positivisme, elle s’associe à un sentiment de plaisir. Et plus vous faites quelque chose dans la bonne humeur, plus vous avez envie de l’ancrer dans vos habitudes. L’espoir nous permettrait cela, générer une vague d’ondes positives et de motivation qui permettrait un maintien d’actions sur le long terme.

               

                Que tirer de tout cela alors ? Qu’il parait fondamental d’ancrer la peur pour qu’elle devienne réelle mais qu’il faut le faire avec suffisamment d’optimisme pour que la population ne se paralyse pas et agisse. Voilà pourquoi nous avons choisi d’aller sur le terrain : pour montrer ce qui ne va pas c’est-à-dire choquer pour stimuler la peur. Mais, en parallèle, faire découvrir les gens et associations qui agissent, celles et ceux qui font changer les choses pour susciter l’espoir et on l’espère un passage à l’action collectif !  

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