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Le chant des sirènes

Ecrit par Benjamin Drouet, le 10 mai 2018 

           On entend souvent parler de pollution atmosphérique. On le sait, l'Homme modifie son environnement pour créer les conditions de vie dont il a besoin. Son impact est présent sur tous les milieux : air, terre, mer et même espace. La pollution correspond à l'ensemble des conséquences indirectes de cette appropriation de l'environnement par l'Homme. Ainsi, de nombreuses pollutions existent: pollution atmosphérique, environnementale, lumineuse, sonore ... A l'heure actuelle, le chant des cétacés est menacé par la pollution sonore.

          J'ai assisté à la projection de Sonic Sea par l'association IFAW, le Fonds International pour la Protection des Animaux. Une soirée était organisée afin de sensibiliser les acteurs du bien-être animal à la pollution sonore qui affecte les cétacés. Cette projection m'a permis de me rendre compte de l'ampleur du problème, c'est pourquoi je tenais à partager ce que j'ai appris.

          Dans le règne animal, plusieurs moyens de communication se sont développés en fonction des espèces : par exemple la vision est très importante pour les prédateurs et les oiseaux, pour trouver de la nourriture ou chasser, au contraire l’ouïe des proies est indispensable pour échapper au prédateur. Il existe aussi des moyens de communication adaptés à certains milieux. Le milieu marin est très peu favorable au développement de la vision car même dans une eau très claire, la visibilité ne dépasse pas 30 mètres. Au contraire, les sons peuvent se propager jusqu’à des milliers de kilomètres dans l’eau. Ainsi, ils peuvent parcourir la moitié de la Terre et être encore "audible". C’est pourquoi les cétacés communiquent essentiellement par les sons, pour parler avec leurs congénères, se déplacer, jouer, manger ... Ils ont acquis au cours de l'évolution des organes spécialisés pour pouvoir entendre sous l'eau.

© Lee Swift

              Aujourd’hui, 60.000 paquebots parcourent en permanence les mers. Ces navires de la taille d’un building (100m) produisent en permanence des infrasons. Ces sons sont produits par l’éclatement des bulles autour de l’énorme hélice et par le bruit du moteur transmis à travers les vibrations de la coque. Le bruit avoisine les 180 décibels, à peu près aussi fort qu'une conversation de baleine... Imaginez-vous vivre en permanence avec le bruit d'un aspirateur en fond sonore.

              J’ai aussi appris d’où venait les échouages massifs des mammifères marins. Etant étudiant vétérinaire, j’ai toujours pensé naïvement que la mort de ces animaux était provoquée en grande partie par des maladies infectieuses. Mais, ce sont les campagnes de prospection pétrolière offshore qui sont majoritairement responsables des échouages de masse. Pour trouver des zones potentiellement riches en pétrole, ils prospectent le fond de la mer en faisant exploser des bombes à air, puis récupèrent le signal (c’est le principe du sonar). Imaginez ce qu'une bombe peut faire comme lésions sur le système auditif de ces animaux : Quand les cétacés n'ont plus d'ouïe, ils ne peuvent plus s'orienter, ni se nourrir. Pire, si leur oreille interne est touchée, ils perdent l'équilibre et vont alors souffrir du syndrome de décompression, entrainant leur mort immédiate.

              Qu'est ce qu'on fait alors ? Je pourrais vous parler de toutes les solutions mises en oeuvre par les industriels pour réduire leurs impacts sur l'environnement marin, comme par exemple la réduction de la vitesse des bateaux, les couloirs de bulles anti-bruit, les effarouchements avant prospection ... Toutes ces solutions semblent fonctionner aujourd'hui.

La question que je me pose maintenant est : Quand le nombre de bateaux aura doublé, est-ce que ces solutions seront encore soutenables ? Serait-il plus judicieux de réduire le trafic maritime ? Chacun d'entre nous peut agir à l'échelle individuelle pour limiter les échanges internationaux, et cela veut dire acheter local.

La conclusion de tout cela pourrait être : Il faut se taire et succomber aux chants des sirènes ...

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